mardi 14 juillet 2015

Les origines de la Forteresse Royale de Chinon



La genèse



              Entre Touraine, Anjou et Poitou, se dresse la forteresse royale de Chinon, sur un éperon rocheux. C’est un site stratégique occupé depuis l’Antiquité. Tout d’abord ceux les Gaulois, les premiers habitants. Un guerrier gaulois avait sa résidence à l’emplacement du Fort Saint-Georges, elle-même protégée par une enceinte carré, défendu par un large fossé. On peut voir son vase et son épée exposé dans les salles du château.

              Avec la Pax Romana, un petit bourg s’installe au bord de la Vienne. A la fin de l’Empire Romain, Chinon tombe aux mains des Wisigoths. Une enceinte fortifiée est construite dans le courant du Vème siècle. C’est en voulant reprendre Chinon, que le Général romain AEgidius-Afranus subit une défaite en 464 de notre-ère. L’enceinte était en petit appareils, (muraille typique des constructions gallo-romaines, réutilisées par les Wisigoths) entrecoupées de douze tours.

             Des fouilles récentes en 2004, 2008, 2009 et 2010 sous la direction de Monsieur Bruno Dufaÿ nous permettent de visualiser les différentes périodes de construction.


            C’est à la bataille de Vouillé en 507, que la Touraine passe de la domination wisigothe à la domination des Francs.

            Le château prend peu à peu forme en le VIème et le Xème siècle, il se compose d’une tour et d’un logis comtal protégés par une enceinte séparée du reste du castrum. Il se situé à l’extrémité Est de l’actuel Château du Milieu.

           Au temps des grands féodaux l’Anjou fait partie des possessions des comtes de Vermandois. Le comté de Vermandois apparait au temps de Charlemagne, et le premier comte qui est connu à ce jour Pépin, descend de Charlemagne.


Dans la première moitié du Xème siècle, le comte de Vermandois Herbert II possède un territoire de la Picardie au Vexin, au Laonais et pendant un temps l’Artois. Il réunit les comtés de Meaux et de Provins. Herbert II marie une de ses filles à Thibault 1er fils d’un vicomte de Tour (Thibault l’Ancien) en 943/944. Il est le fondateur et le 1er comte héréditaire de la Maison de Blois. En même temps le comté d’Anjou épouse Adèle sœur de Liégarde. Dès lors va s’opérer une rivalité entre les maisons de Blois et d’Anjou.


Les Comtes de Blois

E
n 945 Hugues le Grand donne Chinon à Thibault 1er dit le Tricheur, comte de Blois. Thibault 1er règne à Chinon, il le consolide, agrandit et fortifie le « castrum » 1 Le site s’entend alors de la pointe Ouest de l’éperon à l’angle Sud-Est de l’Actuel Château de Milieu. La pierre remplace le bois et les fortifications en sont renforcées. Il se fait bâtir une tour protégé « une chemise » 2. L’édification de cette tour est citée dans les textes avec la mention de l’édification d’une turris par Thibaud le Tricheur vers 943, peut-être réalisée dans le cadre de la mise en défense du territoire contre les Vikings, qui venaient de se retirer de Nantes seulement peu de temps auparavant. Les fouilles ont permis de mettre à jours l’existence de silos et de bâtiments utilitaires.

Son surnom de « Tricheur » lui est venue de ses querelles homériques avec les seigneurs du voisinage, qui redoutaient sa fourberie. Le poète anglo-normand écrira plus tard, en reprenant l’opinion générale : qu'il « fut par trop cruel et par trop cupide ».

« Tiebaut fut plain d'engin et plain fu de faintié,
a homme ne a fame ne porta amistié,
de franc ne de chaitif n'out merci ne pitié
ne ne douta a faire mal euvre ne pechié ; »

Thibault fut plein de ruse et plein fut de fausseté,
à homme ni à femme ne porta amitié,
de libre ni de captif n'eut merci ni pitié
ni n'hésita à faire méfait ni péché ;

(R. Wace, Le Roman de Rou, publié par A.J. Holden, 1970, vers 3698-3701)

1 Castrum : mot latin, camp fortifié, qui s’apparente à une ville. Au Moyen-âge c’est une structure médiévale particulière, qui se caractérise par un partage de l'espace avec d'un côté une zone seigneuriale et une autre dévolue aux chevaliers.


2 Chemise : mur de protection ou muraille entourant une tour, un donjon ou tout autre bâtiment fortifié.

Au début du 11e siècle, Eudes II, petit-fils de Thibault « le Tricheur », confie aux moines de l’abbaye de Bourgueil la charge d’un prieuré dédié à Saint-Melaine qui s'installe dans l’enceinte du château. (Voir à Repères Biographiques la généalogique des comtes de Blois).
Les comtes de Blois sont de puissants vassaux du roi de France et ils sont maitre de Chinon jusqu’à que les Comtes d’Anjou leur prenne en 1044. C’est Geoffroy Martel comte d’Anjou qui devient nouveau seigneur de Chinon.

Des fouilles archéologiques ont permis de situer l’emplacement de la chapelle dans le fort du Coudray. Un gros mur Est-Ouest datant du XIème siècle, avec une porte et un dallage de pierre fut mis au jour. L’abside était peut-être fondée sur des tours de l’enceinte antique. Elle disparue lors du creusement des douves du Coudray par Jean-sans-Terre.

« Turris » de Thibault 1er – Xème siècle


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