dimanche 3 avril 2016

Les Capétiens - Philippe Auguste



Les Capétiens


1.   Philippe II (dit Philippe Auguste)
1.1)         Sa jeunesse
Faisons un retour en arrière pour mieux connaître ce roi, et mieux comprendre ce qui l’amené à dans sa guerre contre le Plantagenêt.
Né un samedi 21 août 1165 au château de Gonesse situé à côté de Paris, il permit à Louis VII, un héritier capable de lui succéder. Cette naissance mettait à un problème dynastique de plus de 40 ans. Le moine Rigord, premier biographe de Philippe Auguste avait surnommé le jeune prince « Dieudonné », tant il fut attendu. Le jeune prince fut éduqué comme un futur chevalier, et ainsi préparé à guider ses futurs hommes au combat. Il apprit à lire et à écrire le français, (apprentissage qui à la fin du XIIème siècle était réservé un petit nombre). Il ignorait le latin, langue qui était utilisé pour rédiger les actes officiels du royaume. Il développa très tôt un caractère autoritaire et impétueux, qu’il conserva tout au long de son règne. En voici deux faits que l’histoire nous a transmis :
*      Lors de la rencontre entre son père Louis VII et Henri II, roi d’Angleterre, duc de Normandie et vassal du roi de France, alors âgée de 4 ans, il conseilla Henri II « d’aimer son père, la France, et lui-même, s’il voulait obtenir la grâce de Dieu et la faveur des hommes » - Thomas Becket archevêque de Canterbury.
*      En 1174, Philippe accompagnant son père lors de la visite au château de Gisors à Henri II, de ses 9 ans il déclara à propos du château « qu’il voulut que ce château fût encore plus fort, fait d’argent, d’or et de diamant… plus les matériaux seront précieux, plus je serais heureux de le posséder quand il sera tombé entre mes mains. »
Ce n’est que 20 ans plus qu’il tomberait entre ses mains. Il fut surnommé le « valet (petit vassal) mal peigné » par l’entourage du roi Louis VII. De son futur royaume, jusqu’à son accession au trône de France, il ne connut que l’Ile-de-France et les marches de Normandie. Il était entouré par de puissants vassaux : la maison de Blois-Champagne, la maison de Flandre et le plus puissant et le plus étendu l’Empire Plantagenêt.


1.2)         Son apprentissage (1179-1185)
C’est à la Toussaint 1179, que Philippe Auguste fut sacré roi des francs en la cathédrale de Reims. Le Roi Louis VII étant déjà malade ne put assister à son couronnement, ainsi que sa mère la reine Adèle de Champagne, au chevet du roi. C’est donc l’archevêque de Reims Guillaume aux Blanches-Mains, son oncle, le frère d’Adèle de Champagne, qui dirigea la cérémonie.
 
Bruno Galland dans son livre « Le bâtisseur du royaume » - Ed Belin nous relate son sacre ainsi. Je cite : « la maison de Champagne brillait par son absence – la reine Adèle auprès de son mari, le comte Henri le Libéral se trouvant en Terre Sainte, mais ses frères Thibaut de Blois, le sénéchal, et Etienne de Sancerre ne s’étaient pas déplacés. Les Plantagenêts étaient présents en la personne d’Henri le jeune, fils aîné d’Henri II, accompagné par ses frères Richard, comte du Poitou, et
Geoffroy, comte de Bretagne. – Henri le jeune apporta de somptueux présents, puis tint la couronne de Philippe pendant la procession et découpa les viandes pendant le banquet. Philippe d’Alsace, comte de Flandre joua un rôle encore plus important. Il porta solennellement l’épée pendant la procession et servit de porte-mets pendant le banquet. »
En se plaçant sous la protection du comte de Flandre, Philippe Auguste marqua sa volonté d’écarter la maison de Champagne de son entourage. Selon Giraud de Barri, sous l’influence de Philippe d’Alsace, il enleva à son père la possibilité de sceller les actes officiels. En effet le roi Louis VII en raison de la paralysie et affaibli intellectuellement ne pouvait plus exercer son autorité royale. Philippe voulait le protéger pour qu’il ne puisse être manipulé par la reine Adèle de Champagne et ses frères. Nouvelle provocation par son mariage avec Isabelle de Hainaut, fille du comte Baudouin V de Hainaut le 28 avril 1180. Elle est la nièce du comte de Flandre. Ce mariage procurait à Philippe une dot magnifique, un territoire qui serait plus la province d’Artois. La tension grandissait entre Adèle et la maison de Champagne d’un côté et de Philippe Auguste et Philippe d’Alsace de l’autre. Adèle de Champagne et son frère défièrent le jeune roi et son mentor en se réfugiant en Normandie, sur les terres d’Henri II, en sollicitant une médiation. Ainsi elle montrait à son fils qu’elle pouvait trouver appui auprès de protecteur plus puissant. La médiation eût lieu au château de Gisors le 28 juin 1179. Le roi de France et le roi d’Angleterre renouvelèrent ainsi les termes de l’accord, signés 3 ans auparavant à Nonancourt par Louis VII. Le roi Philippe accepta de se réconcilier avec la maison maternelle. Adèle obtint de récupérer son douaire à la mort imminente de son mari et elle reçut en attendant une pension journalière. Henri de son côté régler un différend mineur avec le comte de Flandre.
La supposé réconciliation entre Philippe et sa parenté avait éveillé la méfiance et le ressentiment du comte d’Alsace. Une véritable coalition vu le jour contre le jeune roi de France entre le comte de Flandre, le comte de Hainaut et la maison de Champagne à la suite d’un double mariage entre la maison de Champagne et celle de Hainaut. Ainsi le comte de Flandre allait réunir tous les seigneurs possessionnés au nord, à l’est et au sud du domaine royal. Cela allait irrémédiablement déboucher sur une série d’escarmouches entre la coalition et le roi des Francs.
Philippe Auguste en sorti vainqueur., puisque le 11 avril 1182, les seigneurs révoltés se soumirent à lui. C’est finalement en juillet 1185, que Philippe d’Alsace dut renoncer définitivement le Vermandois d’une part au roi de France et d’autre part à sa belle-sœur. L’Artois quant à elle, après la disparition du comte de Flandre passerait sous l’autorité royale.
En ses six premières années de règne deux des trois grandes féodales étaient passées dans son giron. Le jeune roi allait maintenant diriger sa conquête vers les terres de son plus puissant vassal : le Plantagenêt.

1.3)         Son offensive contre le Plantagenêt
Philippe allait désormais profiter de la crise de « l’empire » Plantagenêt pour essayer d’agrandir le domaine royal (voir Les comtes d’Anjou – 2. Les Plantagenêt – 2.2 Ses dernières années). Avec la mort d’Henri II, Philippe se retrouvait dans un roi d’Angleterre jeune violant et déloyal comme lui, bourré d’ambition et non devant un vieux roi malade.
C’était maintenant l’urgence pour le départ pour la Terre Sainte. Il laissait son royaume, un héritier Louis âgée de trois ans, mais pas en bonne santé. La croisade fut pour Philippe une épreuve, ayant attrapé tous les deux la suette au siège de d’Acre. Elle laisserait à Philippe un état d’anxiété. Il trouva ce prétexte pour rentrer au plus vite en France pour reprendre sa conquête. Ainsi il profiterait de l’absence de Richard pour mettre la zizanie dans ces territoires et séduire Jean qui avait usurpé le trône d’Angleterre en l’absence de Richard. D’ailleurs Richard fut retenu prisonnier un long moment lors de son retour par un vassal de l’empereur le duc Léopold d’Autriche. Philippe fit tout pour faire retenir le plus longtemps possible Richard prisonnier. Il fit venir Jean à Paris pour qu’il lui rendre hommage pour la Normandie et l’Anjou. Dès le printemps suivant il envahi la Normandie. Il s’empara de plusieurs forteresses du Vexin dont Gisors.
Mauvaise nouvelle pour Philippe, à l’annonce de la libération de Richard à la fin de l’année 1193, il se rapprocha de Jean sans Terre. Jean accepta un traité secret : de céder la partie orientale de la Normandie, Verneuil et Evreux. Richard libérer grâce à sa mère Aliénor, débarqua en Normandie le 12 mai 1194. Les deux rois se retrouvaient face à face. Après plusieurs combats, Richard sollicita la paix. Rigord nous relate ainsi :
« Après avoir déposé les armes, Richard et les siens se rendirent chez le roi des Francs, il rendit hommage pour le duché de Normandie et pour les comtés de Poitou et d’Anjou. »

                    Le nouveau roi d’Angleterre reconnaissait le roi de France comme son suzerain. Le traité de paix signé à Gaillon entre Vernon et les Andelys, en janvier 1196 était un compromis puisque Philippe conservait ses conquêtes sur la frontière orientale de la Normandie, Vernon et Gisors et sa suzeraineté en Auvergne. Il renonçait au Berry. En juin 1196 Philippe se préparait à reprendre le combat. En 1197, Richard fortifia la frontière de son duché de Normandie par la construction d’une formidable forteresse « Château Gaillard » en deux ans seulement. Il constitué un verrou en amont de Rouen. Constitué d’une enceinte de six tours, un donjon circulaire, d’une défense avancée polygonale qui renforcer la défense. Richard fit construire un avant-poste une autre forteresse « Boutavant » - ce qui signifie :  pousse en avant – je m’entends en avant pour recouvrer ma terre.

dimanche 19 juillet 2015

Les Comtes d'Anjou - Les Plantagenêts





Les Plantagenêts

C’est Geoffroy Plantagenêt qui fonda la dynastie. Ce surnom on le doit à son goût pour la chasse dans les landes de genêt (Les Plantagenêts : Origine et destin d’un empire (XIe-XIVe) – Jean Javier – Ed Fayard) ou qu’il en avait planté, ou qu’il portait une branche de genêt sur son chapeau. Cela lui permet de se différencier des autres Geoffroy de sa lignée. Pour ses contemporains il est connu sous le nom de Geoffroy le Bel. L’empire Plantagenêt puisque on peut le dénommer comme cela s’est constitué petit à petit à partir de plusieurs principautés.

Cet empire est l’aboutissement des efforts outranciers de Foulque Nerra (Foulque III), des audaces calculées de Guillaume le Conquérant, de la sagesse de Guillaume X d’Aquitaine ou du savoir-faire d’Edouard le Confesseur. L’empire va occuper un espace politique sur deux royaume la France et l’Angleterre et voir sur un troisième celui d’Ecosse. Le Plantagenêt en France est vassal du Roi de France et après le mariage d’Aliénor d’Aquitaine en seconde noce avec Henri II Plantagenêt, le principal. C’est en 1129 que Geoffroy le Bel (Plantagenêt) fils de Foulque V (Roi de Jérusalem deux plus tard), devient comte d’Anjou à 16 ans.


A peine est-il comte que Geffroy Plantagenêt doit affronter une coalition menée par le seigneur de Sablé. Il prend un à un les châteaux de ses vassaux rebelles. Puis il consolide ensuite ses positions en construisant de nouveaux châteaux comme jadis Foulque Nerra.

                C’est avec Henri II Plantagenêt, (fils de Geoffroy V d’Anjou dit le Bel, dit Plantagenêt), (voir à repères biographiques la généalogie des Plantagenêts) couronné roi d’Angleterre en 1154, que Chinon devient place royale. Il fait édifiait une douzaine de tours sur l’enceinte existante : au Nord le plus exposé, alternant des tours semi-circulaire et à « talus angevin ». Les deux étant à base pleine.  Au Sud le moins exposé, il dote l’enceinte de petites tours contreforts, qui permettent le raidissement de la muraille et l’installation de plateformes-sommitales. Il se fait construire un complexe palatial sur à l’est (en face de la forteresse de ses ancêtres) le Castel Rousset ou de nos jours Fort Saint-Geroges du nom de la chapelle qu’y fonde. Il fait également reconstruire la chapelle Saint-Mélaine. A l’endroit le plus protégé dans l’actuel château du Milieu (Logis Royaux) et dans un souci d’ostentation, Henri II fait édifier trois grosses tours, dont la massive « tour du Trésor ».
              On pénétrait dans le palais sous une tour-porte situé sous l’actuel bâtiment d’accueil. De cette tour-porte s’ouvrait un chemin en pente qui débouchait dans l’une des cours. Le Palais se composé d’une grande aile parallèle à la Vienne situé le long du rempart. Ce long bâtiment au sud abritait la Grande salle, ornée de vitraux. Trois ailes perpendiculaires à ce bâtiment partaient en direction de l’intérieur du fort, séparée des cours intérieures. La chapelle Saint-Georges à l’extrême Est était dédiée au patron des chevaliers. Son décor était très riche et luxueux, très colorés. La nef était pourvue de nombreuses colonnes, couvertes de motifs géométriques jaune, rouge et noir. S’ajouter à cela les nervures bleus des voûtes, soulignés de rouges et de jaunes. Une véritable profusion de couleurs. Elle possédait de nombreuses statues de rois et de reines. Les murs étaient couverts de bas-reliefs représentants des personnages de scènes mythiques.


1 Tour à talus angevins : tour à base rectangulaire en pans, et des pans coupés triangulaires rachètent le passage au plan circulaire.


Flanc Nord Tour à talus angevin et tour semi-circulaire


Le Castel Rousset (Fort Saint-Georges)
Vers 1170 – XIIème siècle -Sous Henri II Plantagenêt

Façade Est - entrée du palais par la Tour-porte


Façade Est -

On aperçoit l’escalier qui monte vers le premier bâtiment débouchant sur la première cour.



Façade Sud-est Grande Aile parallèle à la Vienne, ornée de grands vitraux romans




Façade Sud

Vue sur les trois grandes tours

Dont la Tour du Trésor à droite

A l’extrême droite

tour à contrefort

Flanc Nord 


                 À la fin des années 1170, Henri II s'efforça de stabiliser le gouvernement en s'appuyant notamment sur sa famille, mais les tensions concernant sa succession ne furent jamais résolues. En 1173, une vaste coalition de seigneurs soutenue par Aliénor d’Aquitaine son épouse, et ses fils contre Henri II voit le jour. Les nobles de tous les territoires angevins, ainsi que la Bretagne, et dans le Maine se rebellèrent. Seule en Anjou : « les bonnes familles restèrent loyales au roi » - Aliénor d’Aquitaine- Ralph Turner – Ed Fayard. Dans le Poitou un chroniqueur dit :

« Exulte, Aquitaine ! Réjouis-toi, Poitou, de ce que le sceptre du ri du Nord s’éloigne de toi ! »

 - Richard le Poitevin, RHGH, 12, p.416 ; cité par Flori, Aliénor, p. 157-158. Dans la province du Limousin les seigneurs locaux se tinrent éloignés du conflit. Toute l’aristocratie d’Aquitaine ne se joignit pas à la rébellion. La révolte avorte rapidement, car Henri II général doué et confiant ne se laissa pas intimider et après quelques mois de bataille, sa victoire sur ses fils et leur allié capétien Louis VII ne faisaient aucun doute.  La plupart de ses troupes anglaises, normandes et angevines lui restèrent fidèles. Les structures administratives de son royaume demeurèrent solides et lui fournirent l’argent nécessaire. Ainsi il pouvait engager de vastes armées de mercenaires qui se déplaçaient rapidement. En 1173 quittant brièvement la Forteresse royale de Chinon, il descendit avec sa garde personnelle, ses mercenaires dans le Poitou. Quand il fut près de Poitiers, Aliénor se réfugia chez son oncle Raoul de Faye. Il s’était rendu à la cour de France pour s’assurer qu’elle puisse y trouver refuge. Sur la route de Paris vers la fin novembre elle fut rattrapée et fait prisonnière sur la route de Chartres. Aliénor est emprisonnée au château de novembre 1173 à juillet 1174, tandis que ses fils se réfugient à la cour du roi de France Louis VII. Au début de l'année 1174, les adversaires d'Henri II semblent avoir essayé de le pousser à rentrer en Angleterre, afin de profiter de son absence pour envahir la Normandie. Avec l'appui des barons rebelles du Nord de l'Angleterre, Guillaume d'Écosse attaqua ainsi le sud de l'île et des troupes écossaises progressèrent rapidement dans les Midlands. Le roi anglais ignora cette manœuvre et se concentra sur ses opposants en France ; dans le même temps, l'offensive de Guillaume fut entravée par son incapacité à prendre les forteresses stratégiques restées loyales à Henri II dont le fils illégitime, Geoffroy, mena une défense efficace. Peu après la fin des combats, Henri II organisa des négociations à Montlouis et présenta des conditions relativement clémentes correspondant à un retour au statu quo. Henri le Jeune et son père promirent de ne pas se venger sur les partisans de l'autre ; il accepta le transfert des châteaux à Jean mais en échange de deux forteresses normandes et de 15 000 livres angevines. De leur côté, Richard et Geoffroy obtinrent la moitié des revenus tirés respectivement de l'Aquitaine et de la Bretagne. Aliénor fut quant à elle placée en résidence surveillée jusque dans les années 1180. Les barons rebelles furent brièvement emprisonnés et durent parfois payer une amende mais ils récupérèrent leurs titres et leurs propriétés.
 
 
                  2.1)         Ses dernières années
 
En 1182, Henri II avait 50 ans, âge respectable pour l’époque. De santé fragile, souffrant d’une fistule, il avait du mal à se déplacer. Parlons de ses fils, ils avaient mûri depuis leur révolte et leur ambition grandissait. Henri le Jeune été âgé de 27 ans, Richard 25 ans, et Geoffroy 24 ans. Henri le jeune gardait de l’amertume envers son père, car même il était associé à son père sur le trône, il ne disposait d’aucun pouvoir. Richard lui avait reçu l’Aquitaine et Geffroy la Bretagne. Henri le Jeune est partit séjourner à la cour de France. Son père lui promit une confortable pension, pour contenter ses ambitions. Faisant mine d’accepter, celui-ci utilisa les fonds de son père pour attaquer le duc d’Aquitaine Richard. Henri lui désirait pérenniser son Empire (bonne administration, justice solide, et ressources fiscales régulières…). A la noël 1182, Henri II décida qu’en Henri le Jeune jusqu’ici son héritier, recevrait l’hommage de ses frères. Geffroy accepta, mais pas Richard. Se repliant en Aquitaine, il se prépara la guerre. Henri II envoya ses fils Geoffroy et Henri le Jeune obtenir la soumission du duc d’Aquitaine, car il craignit que Richard soit tué pendant les combats. La mort d’Henri le Jeune, emportait par une maladie, en Quercy au château de Martel le 11 juin 1183, brisa les projets d’Henri II. Maintenant ce serait Richard qui deviendrait l’héritier, et laisserait son duché d’Aquitaine à son plus jeune frère Jean (dit sans terre). Henri le Jeune était le mari de Marguerite de France, fille du roi Louis VII, qui lui avait apporter le Vexin normand et Gisors en dot de mariage. Philippe Auguste exigea la restitution de la dot.
 
Philippe Auguste se servit des rivalités qui existait entre Henri II et ses fils pour engager les hostilités. Geoffroy se trouvait à la cour de France en février 1186, où on pense qu’il fomentait un complot avec Philippe contre son père et son frère Richard. Il se préparait à envahir la Normandie et à récupérer l’Anjou. Cela avorta par sa mort lors d’un tournoi à Paris. Après le deuil de Geffroy, Philippe était bien décider à continuer les hostilités. Naquit un fils posthume à Geffroy, Arthur, nouvel hériter du duché de Bretagne, et seul petit fils d’Henri II.
 
Peu à peu Richard et Philippe se rapprochèrent. Ils allèrent partir ensemble quelques temps plus pour la troisième croisade. En 1188, son empire divisé, il tint à Anger, une cour solennelle à Noël, il se rendit compte qu’une grande partie de ses barons l’avaient abandonné. La Bretagne entra en révolte ouverte. Philippe et Richard s’emparèrent de ses châteaux en juin 1189. Henri II se réfugia dans sa ville natale au Mans, puis à Chinon. Ses adversaires s’emparèrent de tout le pays, jusqu’à Tours. Il fut pris de fièvre, incapable d’aller plus loin. Le 4 juillet 1189, il dut aller affronter ses vainqueurs. Affaibli il accepta toutes les conditions : l’hommage au roi de France, une forte contribution, la cession d’une partie du territoire du Berry, la restitution d’Alix de France, et l’abandon de la suzeraineté du comté d’Auvergne. Il demanda juste la liste de ceux qui l’avait trahi.
 
                 En apprenant que son plus jeune fils Jean était le premier nom sur la liste, il développa une forte fièvre qui le fit délirer et entra en agonie. Il se fit transporter dans la chapelle du château de Chinon, il ne recouvra ses esprits que le temps de se confesser et il mourut le 6 juillet 1189 à l'âge de 56 ans. Il avait souhaité être inhumé dans l'abbaye de Grandmont dans le Limousin mais le temps chaud rendit impossible le transport de sa dépouille qui fut enterrée dans l'abbaye de Fontevraud non loin de Chinon. Son fils ainé Henri le jeune étant mort de la dysenterie en 1183, et Geoffroy mort à Paris dans un tournoi, c’est donc Richard qui monte sur le trône de ce vaste empire. Après l’enterrement de son père, le nouveau roi prend le contrôle de tout le royaume et de ses richesses. Aliénor désormais âgée de 65 ans, recouvre la liberté. C’est à elle que Richard 1er dit Cœur de Lion confia le royaume en son absence, surtout lorsqu’il fut parti en croisade avec Philippe II dit Auguste le roi de France.

                A Chinon Richard 1er, fit peu de travaux, il améliora les fortifications de son père et éleva la Tour du Moulin. (1189-1199). Il investira surtout dans deux gros chantiers : Château-Gaillard et la Tour de Londres.

Au printemps 1190, c’est le grand conseil à Nonancourt en Normandie. Il convoque, sa mère, son frère Jean, son frère illégitime Geoffroy Plantagenêt et plusieurs évêques. Le but de ce conseil était d’organiser son royaume, pendant qu’il serait en Terre Sainte. Lors de ce conseil Richard tenait à assurer la subsistance à son frère. Jean reçu 6 comté anglais, le comté de Mortain en Normandie et confirma son titre de seigneur d’Irlande. Par cet acte, il montrait qu’il souhaitait que Jean lui succède en cas de décès en terre sainte. Jean prêta serment en l’absence du roi de ne pas pénétrer en Angleterre. C’est le 24 juin 1190 au château de Chinon, qu’à Aliénor fit ses adieux à Richard le roi avant qu’il parte retrouver le roi de France à Vézelay pour la 3ème croisade. La reine Aliénor prépara le mariage de son fils avec Bérangère de Navarre. Elle prit la route de l’Espagne pour accompagner Bérangère jusqu’en Sicile. L’union eu lieu finalement le 12 mai 1191 sur l’Ile de Chypre.


L’Angleterre rencontra des difficultés pendant l’absence de Richard, notamment après le retour de du roi de France à l’été 1191. Contrarié de ne pas avoir été nommé régent, Jean envisagé de trahir son frère. Lors de l’incarcération de Richard en Allemagne à son retour de croisade, Jean se précipita à la cour de France pour prêter hommage à Philippe II. Richard fut libérer en échange une forte rançon, il retourna en France avec sa mère au printemps 1194.

Aliénor fit tout pour réconcilier les deux frères. Richard fut mortellement blessé durant le siège de Chalus 6 à la fin du mois de mars 1199. Il décéda 10 jour après. Sa mort précipitée provoqua l’accession au trône du prince Jean 1er le 25 mai 1199, puisque Richard ne laissa pas d’héritier.



II/ Jean Sans Terre


J

ean 1er dit sans Terre régna encore moins longtemps sur le continent que son frère Richard. Il joua un rôle considérable à Chinon, il en fait une véritable forteresse. Il est présent chaque année jusqu’en 1202. Il renforce les deux extrémités du site. A l’Est, le Castel Rousset, le Palais d’Henri II n’étant pas conçu pour pouvoir résister à un siège. Il devient une citadelle qui protège le château principal (château du Milieu) lorsqu’on vient de par la route de Tours. Cet avant-garde est directement inspiré du Château-Gaillard. Il construit plusieurs tours. Un rempart massif protègent les côtés Est et Sud-Est. L’ancienne entrée à l’Est est supprimée, et remplacée par un dispositif complexe de tours portes. L’une débouchant vers l’accès à la ville (l’accès charretier) et l’autre sur la route à flanc de coteau vers Saint-Martin.

             Après avoir passé la porte d’entrée fortifié de l’avant-garde et traverser un pont enjambant un fossé, on se trouvait devant la porte fortifiée qui donne accès au castel rousset. A notre extrême gauche on pouvait accéder à la ville par une autre porte fortifiée. Devant en longeant la Porte d’entrée on accéder à une autre porte fortifiée qui était adossé au nouveau bâtiment construit sur l’emplacement de la grande salle d’Henri II. Delà on suivait un long couloir jusqu’à une porte donnant sur un pont dormant à une tour porte fortifiée (l’actuel tour de l’Horloge – entrée du château du milieu), elle-même doublée en arrière par une massive tour porte. L’entrée du château du milieu était protégée sur la droite par une grosse tour en fer à cheval (la Tour du Portail – effondrée au XIXème siècle).

            La massive tour porte passée, on était proprement dit dans la cour du château, devant nous on accédait à un enclos fermer par une porte donnant sur de nouveaux bâtiments de Jean sur l’emplacement des futurs logis royaux, le long des remparts sud, adossés aux tours massives construites par Henri II. Y Sont transférer les activités administratives du palais. Des fouilles attestent l’existence d’une salle sous la salle « dit de la reconnaissance », dans le prolongement des logis des grands combles. Le logis des petits combles n’existait en encore.

Ce long édifice mesurait 43,70 m de long, il n’avait pas de murs de refends, ni d’étage. En comparaison le bâtiment du fort St-Georges (Castel Rousset), mesurait quant à lui 44,50 m et disposait d’un étage.

Sur la droite le cœur du vieux château, le grand pavillon adossé à la gauche à une section du rempart antiques et trois tours. Sur sa droite le quadrilatère de Thibault 1er rehausser au XIème siècle, chemise protégeant un massif donjon, héritier de la « turris » de Thibault 1er.

 Du côté occidental, Jean érige un dispositif symétrique, il fait creuser la douve du Coudray. On accède alors au château du milieu par une grosse tour porte rectangulaire (emplacement retrouvé en 2009). Le creusement de la douve du Coudray a entrainé la destruction de l’abside (ancienne tour antique) de la chapelle Saint-Mélaine. La Tour du Moulin, contrôler la vallée, « c’était un condensé de l’architecture militaire de l’époque » - Chinon le destin d’une forteresse – Les amis du vieux chinon. Les grandes fenêtres du dernier étage permettaient une observation à 360°. Symétriquement à la tour du moulin au nord, se trouver la tour de l’Echelle (aujourd’hui très arasée).

 
Voilà telle était la forteresse royale de Chinon sous le règne de Jean 1er. Mais toutes ces fortifications ne suffiront pas face à l’avancée inexorable du capétien vorace.

Ses Fortifications :


Flanc Est vers Saint-Martin – fin XIIème siècle


Devant le dispositif de Tour porte protégeant l’entrée du Castel Rousset A gauche la Tour porte donnant sur la ville





Devant la Tour porte 


Entrée du Castel Rousset - Au fond on distingue la future tour de l'horloge

Flanc Est - Dans le Fort St-Georges, devant l'entrée
du château du Milieu


Tour Porte  Sur l’emplacement 
de l’actuel  Tour de l’Horloge

 












 



Flanc Nord –Est du Castel Rousset : Jean Sans Terre renforce la muraille de son père par de puissantes tours à contreforts, perce une entrée. Cette poterne est protégée par une tour ronde à talus angevin (à base carrée).

Jean a doté Chinon de nombreuses et massives Tour porte.



Panorama Sud, remparts dominant Chinon et la Vienne

 


Panorama intérieur - Château du milieu




Façade Sud-Ouest - Tour Porte menant vers le Fort du Coudray
 

Façade Nord - Vue des douves du Fort du Coudray
 

            Biographie des Plantagenêt

 


Henri II : (5 mars 1133 - 6 juillet 1189). Il fut comte d'Anjou et du Maine, duc de Normandie et d'Aquitaine et roi d'Angleterre.
Fils de Geoffroy V d'Anjou et de Mathilde l'Emperesse, fille du roi Henri d'Angleterre, il participa aux efforts de sa mère pour reprendre le trône d'Angleterre occupé par Étienne de Blois et fut fait duc de Normandie à l'âge de 17 ans. Il hérita de l'Anjou en 1151 et épousa peu après Aliénor d'Aquitaine dont le mariage avec le roi Louis VII de France avait récemment été annulé par le second concile de Beaugency. Étienne signa un traité de paix après l'expédition d'Henri en Angleterre en 1153 et ce dernier monta sur le trône un an plus tard.
Henri II se révéla un souverain énergique et parfois brutal qui chercha à récupérer les terres et les privilèges de son grand-père, Henri. Au début de son règne, il restaura l'administration royale dévastée par la guerre civile et rétablit l'autorité de la Couronne sur le pays de Galles et ses possessions continentales. Sa volonté d'accroître le contrôle royal de l'Église lui valut l'opposition de son ami Thomas Becket, l'archevêque de Cantorbéry, et la dispute qui dura une grande partie des années 1160 se solda par l'assassinat de l'ecclésiastique en 1170. Sur le continent, Henri II entra en conflit avec Louis VII et les deux souverains s'affrontèrent dans ce qui a été qualifié de « guerre froide » pendant plusieurs décennies. Henri II agrandit ses possessions continentales souvent aux dépens du roi de France et en 1172, il contrôlait l'Angleterre, une grande partie du pays de Galles, la moitié orientale de l'Irlande et la moitié occidentale de la France ; ces territoires ont été qualifiés d'« Empire Plantagenêt » par les historiens.
Henri II et Aliénor eurent huit enfants et cela provoqua de fortes tensions sur la succession et le partage de l'Empire, des frictions encouragées par Louis VII et son fils Philippe II. En 1173, le fils aîné d'Henri II, Henri le Jeune organisa un soulèvement pour protester contre sa mise à l'écart du gouvernement et il fut rejoint par sa mère et ses frères Richard et Geoffroy ainsi que par les comtes de Flandre et de Boulogne. Cette grande Révolte fut écrasée mais la réconciliation ne dura pas longtemps et Henri le Jeune mourut après une nouvelle révolte en 1183. L'invasion de l'Irlande permit à Henri II d'offrir des terres à son fils cadet Jean mais le roi avait du mal à satisfaire les désirs de pouvoir de tous ses fils. Philippe II parvint à convaincre Richard qu'il risquait d'être évincé de la succession au profit de Jean et il se révolta en 1189. Henri II fut vaincu et il mourut peu après au château de Chinon d'une hémorragie digestive provoquée par un ulcère.
Sa descendance qu’il eut avec Aliénor d’Aquitaine :
·         Guillaume 17 août 1153 Avril 1156 ;
·         Henri le Jeune 28 février 1155 11 juin 1183 Épouse Marguerite de France en 1172 ; aucun enfant ;
·         Richard Ier 8 septembre 1157 6 avril 1199 Épouse Bérangère de Navarre en 1191 ; aucun enfant ;
·         Mathilde août 1156 28 juin 1189 Épouse Henri XII de Bavière en 1168 ; cinq enfants
·         Geoffroy 23 septembre 1158 19 août 1186 Épouse Constance de Bretagne en 1181 ; trois enfants ;
·         Aliénor 13 octobre 1162 31 octobre 1214 Épouse Alphonse VIII de Castille ; douze enfants ;
·         Jeanne Octobre 1165 4 septembre 1199  Épouse Guillaume II de Sicile en 1177 ; un enfant - Épouse Raymond VI de Toulouse en 1196 ; deux enfants ;
·         Jean 24 décembre 1166 19 octobre 1216  Épouse Isabelle de Gloucester en 1189 ; aucun enfant - Épouse Isabelle d'Angoulême en 1200 ; cinq enfants dont le roi Henri III.

                                               Arme des Rois d'Angleterre

Henri II et Aliénor d'Aquitaine, lettrine du Lancelot-Graal,

vers 1275, Bibliothèque nationale de France.

 
Richard Ier d'Angleterre dit Cœur de Lion (8 septembre 1157 au palais de Beaumont, Oxford – 6 avril 1199, château de Châlus Chabrol) fut roi d'Angleterre, duc de Normandie, duc d'Aquitaine, comte de Poitiers, comte du Maine et comte d'Anjou de 1189 à sa mort en 1199. Il fut aussi mécène de troubadours et auteur de poèmes.


Fils d’Henri II d'Angleterre et d’Aliénor d'Aquitaine, Richard est élevé dans le duché d'Aquitaine à la cour de sa mère, ce qui lui vaut dans sa jeunesse le surnom de Poitevin. Il devient comte de Poitiers à l'âge de onze ans et duc d’Aquitaine lors de son couronnement à Limoges. Après la mort subite de son frère aîné le roi Henri le Jeune en 1183, il devient héritier de la couronne d’Angleterre, mais aussi de l’Anjou, de la Normandie et du Maine.


Pendant son règne, qui dure dix ans, il ne séjourne que quelques mois dans le royaume d’Angleterre et n'apprend jamais l'anglais. Il utilise toutes ses ressources pour partir à la troisième croisade, puis pour défendre ses territoires français contre le roi de France, Philippe Auguste, auquel il s’était pourtant auparavant allié contre son propre père. Ces territoires, pour lesquels il a prêté allégeance au roi Philippe, constituent la plus grande partie de son héritage Plantagenêt.

Armes de Richard Cœur de Lion et des Rois d'Angleterre



Richard 1er "Cœur de Lion"



Jean 1er’ dit Sans Terre (Oxford 1167 au château de Newark – Nottinghamshire 1216), fut roi d’Angleterre, seigneur d’Irlande et duc d’Aquitaine (de 1199-1216) à la mort de son frère Richard 1er d’Angleterre. Fils cadet d’Henri II et d’Aliénor d’Aquitaine. En 17 ans, il va réussir à ruiner l’œuvre de ses prédécesseurs. Après son couronnement, Jean se rendit en France et adopta une stratégie défensive le long des frontières normandes, mais les deux camps négocièrent avant la reprise des combats. La position de Jean était alors plus forte car les comtes Baudouin VI de Flandre et Renaud de Boulogne avaient renouvelé leurs alliances anti-françaises. Le puissant baron angevin Guillaume des Roches fut persuadé de changer d'alliance en faveur de Jean et la situation semblait basculer en défaveur d'Arthur et de Philippe II. Personne ne souhaitait cependant poursuivre les combats et les deux souverains se rencontrèrent en janvier 1200 pour négocier une trêve. Du point de vue de Jean, cela représentait une opportunité pour stabiliser ses possessions continentales et créer une paix durable avec la France. Par le traité du Goulet de mai 1200, Philippe II reconnaissait Jean comme l'héritier légitime de Richard Ier pour ses possessions françaises et ce dernier abandonnait sa stratégie d'endiguement de la France via des alliances avec la Flandre et Boulogne et acceptait le roi français comme son suzerain pour ses territoires continentaux. La politique de Jean lui valut le surnom de « Jean l'Épée molle » de la part de certains chroniqueurs en contraste avec celle plus agressive de Richard Ier.

 La paix durera seulement 2ans en raison de la décision de Jean d'épouser Isabelle d'Angoulême en août 1200. Elle était fiancé à son vassal Hugues IX de Lusignan, un membre influent d'une puissante famille du Poitou et frère du comte Raoul d'Eu qui possédait des terres le long de la frontière sensible entre la Normandie et la France. Si l'union était à l'avantage de Jean, elle menaçait les intérêts des Lusignan qui contrôlaient les routes commerciales et militaires en Aquitaine. Plutôt que de négocier une forme d'indemnisation, Jean traita Hugues X « avec mépris » ; cela entraîna un soulèvement des Lusignan qui fut rapidement écrasé par Jean qui intervint également contre Raoul en Normandie.

 Il doit faire face au soulèvement de la Bretagne et de l’Anjou pour avoir tué de ses propres mains son neveu et rival Arthur de Bretagne en 1203. À la fin de l'année 1203, Jean tenta de secourir Château Gaillard assiégé par Philippe II via une opération impliquant des forces terrestres et navales ; les historiens considèrent qu'il s'agissait d'une manœuvre innovante mais trop complexe pour les possibilités de l'époque. Les forces françaises repoussèrent l'assaut et Jean se tourna vers la Bretagne pour tenter de réduire la pression à l'est de la Normandie. Il ravagea le territoire mais cela n'eut pas d'effet sur le déroulement de la campagne. Les historiens sont en désaccord sur les qualités militaires démontrées par Jean durant la campagne mais les études les plus récentes tendent à les considérer comme médiocres.

La situation de Jean commença à se détériorer rapidement. Philippe II contrôlait de plus en plus de territoires dans l'est de la Normandie tandis que les défenses anglaises en Anjou avaient été affaiblies par la cession par Richard Ier de forteresses stratégiques. Le soutien des nobles locaux fut encore réduit par le déploiement de troupes de mercenaires qui se livrèrent à de nombreux pillages dans la région. Jean retraversa la Manche en décembre après avoir ordonné l'établissement d'une nouvelle ligne défensive à l'ouest de Château Gaillard. En mars 1204, la forteresse tomba donc la Normandie et la mère de Jean mourut le mois suivant. Cela ne fut pas seulement une tragédie personnelle pour Jean car cela menaçait de ruiner le fragile réseau d'alliances établies dans le sud de la France. Philippe II contourna la nouvelle ligne défensive par le sud et envahit le cœur du duché de Normandie avant de se tourner vers l'Anjou et le Poitou où il ne rencontra qu'une faible résistance. En août, Jean ne contrôlait plus en France que le duché d'Aquitaine.

Jusqu'à la fin de son règne, Jean essaya de récupérer la Normandie mais il dut affronter de nombreuses difficultés. L'Angleterre devait être protégée contre une possible invasion française, les voies maritimes vers l'Aquitaine devaient être sécurisées à la suite de la perte des routes terrestres et le contrôle de la Gascogne devait être assuré malgré la mort d'Aliénor en 1204. Jean prévoyait d'utiliser le Poitou comme base d'opérations pour soutenir une offensive le long de la Loire et menacer Paris, ce qui immobiliserait les forces françaises et permettrait à une seconde force de débarquer en Normandie. Jean espérait par ailleurs obtenir l'entrée en guerre à ses côtés des voisins orientaux de la France comme la Flandre, ravivant ainsi la stratégie d'encerclement de Richard Ier. Tout cela allait cependant nécessiter beaucoup de soldats et d'argent.

Fut humilié par la Papauté, qui lui imposa la liberté des élections épiscopales et la suzeraineté pontificale (1213), Jean ne peut venir à bout de la révolte de ses grands barons et il se trouve contraint d'accepter la Grande Chartre (1215), qui limiter ses droits. Il décède de la dysenterie (qu’il avait attrapée en septembre à Lynn) dans la nuit du 18 au 19 octobre 1216 au moment où éclate une seconde révolte féodale appuyé par la France. Son fils Henri III (âgé de seulement 9 ans) lui succéda le trône d’Angleterre Sa dépouille fut emmenée par une compagnie de mercenaires vers le sud et elle fut inhumée dans la cathédrale de Worcester face à l'autel de Wulfstan. Son corps fut exhumé en 1232 pour être placé dans un nouveau sarcophage où il repose toujours.


Enluminure de Matthieu Paris représentant
     le roi Jean dans son Historia Anglorum,
                               vers 1250


Tombe de Jean dans la cathédrale de Worcester