dimanche 3 avril 2016

Les Capétiens - Philippe Auguste



Les Capétiens


1.   Philippe II (dit Philippe Auguste)
1.1)         Sa jeunesse
Faisons un retour en arrière pour mieux connaître ce roi, et mieux comprendre ce qui l’amené à dans sa guerre contre le Plantagenêt.
Né un samedi 21 août 1165 au château de Gonesse situé à côté de Paris, il permit à Louis VII, un héritier capable de lui succéder. Cette naissance mettait à un problème dynastique de plus de 40 ans. Le moine Rigord, premier biographe de Philippe Auguste avait surnommé le jeune prince « Dieudonné », tant il fut attendu. Le jeune prince fut éduqué comme un futur chevalier, et ainsi préparé à guider ses futurs hommes au combat. Il apprit à lire et à écrire le français, (apprentissage qui à la fin du XIIème siècle était réservé un petit nombre). Il ignorait le latin, langue qui était utilisé pour rédiger les actes officiels du royaume. Il développa très tôt un caractère autoritaire et impétueux, qu’il conserva tout au long de son règne. En voici deux faits que l’histoire nous a transmis :
*      Lors de la rencontre entre son père Louis VII et Henri II, roi d’Angleterre, duc de Normandie et vassal du roi de France, alors âgée de 4 ans, il conseilla Henri II « d’aimer son père, la France, et lui-même, s’il voulait obtenir la grâce de Dieu et la faveur des hommes » - Thomas Becket archevêque de Canterbury.
*      En 1174, Philippe accompagnant son père lors de la visite au château de Gisors à Henri II, de ses 9 ans il déclara à propos du château « qu’il voulut que ce château fût encore plus fort, fait d’argent, d’or et de diamant… plus les matériaux seront précieux, plus je serais heureux de le posséder quand il sera tombé entre mes mains. »
Ce n’est que 20 ans plus qu’il tomberait entre ses mains. Il fut surnommé le « valet (petit vassal) mal peigné » par l’entourage du roi Louis VII. De son futur royaume, jusqu’à son accession au trône de France, il ne connut que l’Ile-de-France et les marches de Normandie. Il était entouré par de puissants vassaux : la maison de Blois-Champagne, la maison de Flandre et le plus puissant et le plus étendu l’Empire Plantagenêt.


1.2)         Son apprentissage (1179-1185)
C’est à la Toussaint 1179, que Philippe Auguste fut sacré roi des francs en la cathédrale de Reims. Le Roi Louis VII étant déjà malade ne put assister à son couronnement, ainsi que sa mère la reine Adèle de Champagne, au chevet du roi. C’est donc l’archevêque de Reims Guillaume aux Blanches-Mains, son oncle, le frère d’Adèle de Champagne, qui dirigea la cérémonie.
 
Bruno Galland dans son livre « Le bâtisseur du royaume » - Ed Belin nous relate son sacre ainsi. Je cite : « la maison de Champagne brillait par son absence – la reine Adèle auprès de son mari, le comte Henri le Libéral se trouvant en Terre Sainte, mais ses frères Thibaut de Blois, le sénéchal, et Etienne de Sancerre ne s’étaient pas déplacés. Les Plantagenêts étaient présents en la personne d’Henri le jeune, fils aîné d’Henri II, accompagné par ses frères Richard, comte du Poitou, et
Geoffroy, comte de Bretagne. – Henri le jeune apporta de somptueux présents, puis tint la couronne de Philippe pendant la procession et découpa les viandes pendant le banquet. Philippe d’Alsace, comte de Flandre joua un rôle encore plus important. Il porta solennellement l’épée pendant la procession et servit de porte-mets pendant le banquet. »
En se plaçant sous la protection du comte de Flandre, Philippe Auguste marqua sa volonté d’écarter la maison de Champagne de son entourage. Selon Giraud de Barri, sous l’influence de Philippe d’Alsace, il enleva à son père la possibilité de sceller les actes officiels. En effet le roi Louis VII en raison de la paralysie et affaibli intellectuellement ne pouvait plus exercer son autorité royale. Philippe voulait le protéger pour qu’il ne puisse être manipulé par la reine Adèle de Champagne et ses frères. Nouvelle provocation par son mariage avec Isabelle de Hainaut, fille du comte Baudouin V de Hainaut le 28 avril 1180. Elle est la nièce du comte de Flandre. Ce mariage procurait à Philippe une dot magnifique, un territoire qui serait plus la province d’Artois. La tension grandissait entre Adèle et la maison de Champagne d’un côté et de Philippe Auguste et Philippe d’Alsace de l’autre. Adèle de Champagne et son frère défièrent le jeune roi et son mentor en se réfugiant en Normandie, sur les terres d’Henri II, en sollicitant une médiation. Ainsi elle montrait à son fils qu’elle pouvait trouver appui auprès de protecteur plus puissant. La médiation eût lieu au château de Gisors le 28 juin 1179. Le roi de France et le roi d’Angleterre renouvelèrent ainsi les termes de l’accord, signés 3 ans auparavant à Nonancourt par Louis VII. Le roi Philippe accepta de se réconcilier avec la maison maternelle. Adèle obtint de récupérer son douaire à la mort imminente de son mari et elle reçut en attendant une pension journalière. Henri de son côté régler un différend mineur avec le comte de Flandre.
La supposé réconciliation entre Philippe et sa parenté avait éveillé la méfiance et le ressentiment du comte d’Alsace. Une véritable coalition vu le jour contre le jeune roi de France entre le comte de Flandre, le comte de Hainaut et la maison de Champagne à la suite d’un double mariage entre la maison de Champagne et celle de Hainaut. Ainsi le comte de Flandre allait réunir tous les seigneurs possessionnés au nord, à l’est et au sud du domaine royal. Cela allait irrémédiablement déboucher sur une série d’escarmouches entre la coalition et le roi des Francs.
Philippe Auguste en sorti vainqueur., puisque le 11 avril 1182, les seigneurs révoltés se soumirent à lui. C’est finalement en juillet 1185, que Philippe d’Alsace dut renoncer définitivement le Vermandois d’une part au roi de France et d’autre part à sa belle-sœur. L’Artois quant à elle, après la disparition du comte de Flandre passerait sous l’autorité royale.
En ses six premières années de règne deux des trois grandes féodales étaient passées dans son giron. Le jeune roi allait maintenant diriger sa conquête vers les terres de son plus puissant vassal : le Plantagenêt.

1.3)         Son offensive contre le Plantagenêt
Philippe allait désormais profiter de la crise de « l’empire » Plantagenêt pour essayer d’agrandir le domaine royal (voir Les comtes d’Anjou – 2. Les Plantagenêt – 2.2 Ses dernières années). Avec la mort d’Henri II, Philippe se retrouvait dans un roi d’Angleterre jeune violant et déloyal comme lui, bourré d’ambition et non devant un vieux roi malade.
C’était maintenant l’urgence pour le départ pour la Terre Sainte. Il laissait son royaume, un héritier Louis âgée de trois ans, mais pas en bonne santé. La croisade fut pour Philippe une épreuve, ayant attrapé tous les deux la suette au siège de d’Acre. Elle laisserait à Philippe un état d’anxiété. Il trouva ce prétexte pour rentrer au plus vite en France pour reprendre sa conquête. Ainsi il profiterait de l’absence de Richard pour mettre la zizanie dans ces territoires et séduire Jean qui avait usurpé le trône d’Angleterre en l’absence de Richard. D’ailleurs Richard fut retenu prisonnier un long moment lors de son retour par un vassal de l’empereur le duc Léopold d’Autriche. Philippe fit tout pour faire retenir le plus longtemps possible Richard prisonnier. Il fit venir Jean à Paris pour qu’il lui rendre hommage pour la Normandie et l’Anjou. Dès le printemps suivant il envahi la Normandie. Il s’empara de plusieurs forteresses du Vexin dont Gisors.
Mauvaise nouvelle pour Philippe, à l’annonce de la libération de Richard à la fin de l’année 1193, il se rapprocha de Jean sans Terre. Jean accepta un traité secret : de céder la partie orientale de la Normandie, Verneuil et Evreux. Richard libérer grâce à sa mère Aliénor, débarqua en Normandie le 12 mai 1194. Les deux rois se retrouvaient face à face. Après plusieurs combats, Richard sollicita la paix. Rigord nous relate ainsi :
« Après avoir déposé les armes, Richard et les siens se rendirent chez le roi des Francs, il rendit hommage pour le duché de Normandie et pour les comtés de Poitou et d’Anjou. »

                    Le nouveau roi d’Angleterre reconnaissait le roi de France comme son suzerain. Le traité de paix signé à Gaillon entre Vernon et les Andelys, en janvier 1196 était un compromis puisque Philippe conservait ses conquêtes sur la frontière orientale de la Normandie, Vernon et Gisors et sa suzeraineté en Auvergne. Il renonçait au Berry. En juin 1196 Philippe se préparait à reprendre le combat. En 1197, Richard fortifia la frontière de son duché de Normandie par la construction d’une formidable forteresse « Château Gaillard » en deux ans seulement. Il constitué un verrou en amont de Rouen. Constitué d’une enceinte de six tours, un donjon circulaire, d’une défense avancée polygonale qui renforcer la défense. Richard fit construire un avant-poste une autre forteresse « Boutavant » - ce qui signifie :  pousse en avant – je m’entends en avant pour recouvrer ma terre.